ღ L'amour ou la vie? ღ

Ca doit faire environ 2 ou 3 semaines que je n'ai plus revu Gael... Pas que j'en ai pas envi, loin de là, mais parce que je sais que si je le revois il va m'en vouloir. Et pas qu'un peu. Cette fois il va probablement vraiment me détester, car malgré moi je l'ai trahi... Ce n'est un choix que j'ai eu à faire, c'est encore moins un plaisir. Je commençais à manquer d'argent donc j'ai du me trouver un travail, si on peut appeler ça comme ça, plus payant: Danseuse de bar. Je sais que c'est misérable comme moyen de s'en sortir mais c'est déjà mieux que prostituée on s'entend. Pourquoi je ne couche pas avec les hommes même si ça rapporte plus? Car je m'en sens tout simplement incapable, qu'un autre homme que Gaël me touche, j'en mourrais si ça arrivait... Je ne le permettrai pas. Je m'en veux d'avoir quitté sa vie si brutalement en sachant qu'il m'aimait et que je l'aime aussi, mais je préfère qu'il m'oublie et se trouve une autre copine plutôt que de l'entendre me faire des reproches alors que tout ce que je veux c'est pouvoir arriver à joindre les deux bouts. Aussi, je ne supporterais pas de le regarder à nouveau, je me sens honteuse comme s'il s'agissait du pire geste de ma vie, ce qui est bien le cas d'après moi. Est-ce qu'il me cherche? Est-ce qu'il s'ennuie de moi? Je ne dois pas me poser ce genre de question, ça va seulement me faire davantage souffrir. Quoique je ne crois pas avoir plus mal qu'en ce moment avec cet énorme trou qu'a laissé mon coeur en éclatant en mille morceaux. C'est fini. Je ne le mérite plus, il mérite mieux qu'une pauvre qui danse à moitié nue devant des dizaines d'hommes chaque soir. La vie est si injuste parfois...

Je me retrouve assise dans ma loge devant mon immense miroir. Je termine mon reflet avant de me regarder dans le miroir. Je me sens affreuse. J'ai l'impression que sans avoir la joie et l'amour de Gaël près de moi je dépéris. Des cernes se forment sous mes yeux car je pleure souvent la nuit en pensant à nos jours ensemble, et je maigris à vue d’oeil, ce qui n'est pas uniquement du à mon manque de moyens. Je suis la fille la plus misérable du monde. Comment ai-je pu songer être heureuse et avoir un avenir avec l'homme parfait? Je ne me suis créé que des illusions alors que maintenant je suis confrontée à la réalité. Je ne vie pas, je survie point barre. Je me retiens de ne pas briser cette glace qui m'envoie l'image de cette pauvre fille qui sait maintenant qu'elle ne connaîtra jamais le bonheur. Pourquoi je m'accroche à vivre? Je n'en ai aucune idée, peut-être par défi face au destin qui semble vouloir me rendre la vie la plus abjecte possible dans le but de me pousser à se suicider. Je ne lui ferai pas ce plaisir. Refermant mon coeur et mes pensées, je me dirige comme un robot jusqu'à la scène et commence à faire mon numéro. Les hommes me lancent de l'argent et me sifflent en disant des propos pervers mais je ne les entend pas. C'est comme si la pièce est soudain devenue totalement noire. Ma solitude me revient en plein visage. Avant elle était supportable, mais avec Gaël tout ça s'était éclipsé... Ces hommes ignorent qui je suis, ce que j'ai vécu, ils se fichent bien de ce que je peux ressentir, tout ce dont ils se soucient c'est la vue de mon corps que je leur offre pour avoir un toit et manger. Cette solitude m'envahi toute entière jusqu'à m'effrayer et sans réfléchir je recule lentement avant de disparaître dans les coulisses puis dans ma louve. Je dois m'enfuir avant que cette mauvaise impression me consume toute entière, qu'elle me noie sous sa noirceur. Sans même me changer j'enfile mon manteau assez long pour me couvrir au moins jusqu'en dessous des fesses que j'attache négligemment même si l'absence de fouloir permet de voir ma peau jusqu'à mon haut pas plus gros qu'un soutien gorge. Je ne retire même pas mes escarpins. Dans un geste inconscient, je cours vers la sortie et dans la rue, les larmes envahissant les joues. Toute cette souffrance accumulée avec les années sort maintenant au grand jour me rendant aussi vulnérable qu'une fillette. Je ne vois même pas où je vais, je me contente de courir encore et toujours pour fuir cette douleur, je me fiche où aller, tant qu'elle me laisse tranquille. J'ai beau courir ça ne change rien. Comme j'aurais du le prévoir au bout d'un moment je heurte quelque chose et tombe sur l'objet en question, lui même ayant tombé sur le dos par ma faute. Passant ma main sur mes yeux pour enlever un minimum d'eau afin de me permettre de voir un tant soit peu, je relève les yeux et aperçoit le seul visage qui ne m'est pas inconnu en ce monde, ce visage qui hante autant mes jours que mes nuits.

-Gaël...

Péniblement je tente de me relever. Je réalise alors à quel point je dois paraître misérable dans mon costume de scène, seulement couverte par mon manteau et mon mascara qui a probablement coulé le long de mes joues. Je me rends compte à quel point je suis glacée aussi. Ma vie est gâchée mais pas question que je ruine la sienne même si tout ce dont j'ai envi c'est de me retrouver dans ses bras, que nous soyons à son appartement lui et moi, que je n'aie pas ce stupide job... Tout ce que je veux c'est que tout soit comme avant... Mais c'est impossible et je le sais.[a suivre]

ღ L'amour ou la vie? ღ

Je me retrouve, impuissante, face à cet homme qui compte tant pour moi et qui va me détester d'un moment à l'autre. Même si je sais sa réaction d'avance, je dois le lui avouer pour qu'il comprenne mes agissements, qu'il sache que tout ça n'est en rien sa faute mais uniquement de la mienne. Sans que je le demande ou le supplie il enlève son manteau pour me le mettre. Ce simple geste est comme un coup de poing en plein coeur pour moi. Il est encore si mignon... Bientôt il reprendra son manteau avec dégoût. Tout ce qu'il me dit, c'est que je vais avoir froid. Si seulement il savait comme ça n'avait pas d'importance, que ce qui m'attend dans l'avenir est bien pire qu'un rhume. Il m'aide à me lever et je vois qu'il regarde ma tenue avec un drôle de regard. Je détourne alors les yeux en silence, attendant qu'il dise quelque chose, sinon je n'aurai jamais le courage de le lui dire. Il me demande tout simplement si je danse dans un bar. Quoi? Il me pose cette question aussi simplement? Sans dégoût face à moi? Je me sens alors perdue mais entend tout de même ses derniers mots: ce qu'il veut savoir, c'est si je l'ai remplacé. Je me mordille la lèvre et sort une main de son manteau trop grand pour moi afin de lui relever. Je sens son odeur que je connais par coeur et ma seule envie est de me jeter dans ses bras mais je me garde un peu de respect. Je me lance.

-Premièrement tu dois savoir que c'est impossible que je sois avec quelqu'un de mieux que toi, car je ce dont je suis certaine, c'est que je n'aimerai toujours que toi Gaël, ce n'est pas la le problème. Et aussi, mieux que toi ça n'existe pas dans ce monde. Tu es le seul qui a su m'accepter et m'aimer malgré tout ce que j'ai vécu. En fait c'est plutôt moi qui t'aies trahi...

Je baisse les yeux.

-Oui je danse, tous les soirs devant des centaines d'hommes. Même si je les laisse seulement regarder avec les yeux... J'ai l'impression de te trahir. Tu es tellement... parfait et merveilleux, une sa**pe comme moi ne te mérite pas. Tout ce que je mérite c'est de vivre dans la rue le reste de ma vie toute seule. Je n'ai pas de famille pour m'aider, je n'ai pas d'argent, je dois vendre mon corps pour avoir de quoi manger et me couvrir la tête... Alors comment est-ce que je pourrais te mériter? J'ai été la fille la plus stupide du monde de croire que c'était possible... Je suis partie car je sais que je te gâchais la vie, et je ne veux pas ça, pour rien au monde. Tu mérites ce qu'il y a de mieux. Une fille pleine aux as avec un travail stable et une famille que tu devras endurer à tous les Noel... C'est une fille comme ça dont tu as besoin. Une fille de rue ne peut pas être la femme de ta vie...

Je commence alors à détacher son manteau que je porte dans le but de le lui rendre, cependant ce n'est pas facile avec les larmes qui m'embrouillent les yeux.

ღ L'amour ou la vie? ღ

Il ne comprend toujours pas, il croit que je ne l'aime plus alors que je viens de lui dire tout le contraire. Sauf que cette fois, au lieu de s'accuser lui-même, c'est sur moi qu'il porte le blâme, et il a raison de le faire. D'accord fuir n'était pas la meilleure des idées mais je ne voulais justement pas le voir hausser ainsi le ton sur moi, m'en vouloir parce que je le blesserais en tentant au contraire de le rendre heureux... Quand il dit se ficher de ce que je suis, une lueur d'espoir illumine mon regard. Je n'ai peut-être pas perdu toutes mes chances après tout. Mais est-ce que je serais prête à le rendre malheureux par égoïsme? Il pense toujours que je veux le quitter. Je ne peux m'empêcher de soupirer. Il ne me croit donc pas... Je me mords la lèvre cependant quand il m'avoue toute la peine qu'il a ressenti. Il a même acheter une maison pour nous deux? Jusqu'où voyait-il nos projets d'avenir?Quand il me considère comme une pute j'ai l'impression que mon coeur que je croyais disparu est revenu et qu'on y plante un poignard dedans. Je le laisse continuer à parler. Selon ses dires c'est moi qui le rend heureux il ne se rend pas compte que c'est faux. J'attends que la boule dans ma gorge me laisse parler. Je garde un moment de silence pour pleurer avant de reprendre la parole.

-Non je ne suis pas une pute! Je t'ai dit que je cherchais juste à avoir de l'amour... Mais de la mauvaise façon... Je viens de te dire que je t'aime et que je ne veux pas te perdre, mais ce n'est pas pour moi que je fais ça, c'est pour toi. J'arrête pas de te faire du mal et je ne veux pas que tu aies l'impression que j'abuse de toi et ton argent. Surtout, comme on vient de le voir, j'arrête pas de te blesser sans le vouloir alors je me suis dit qu'en trouvant une fille moins stupide que moi tu serais heureux dans cette maison avec cette fille et vos enfants...

Je le regarde avec mes yeux bleus plein d'eau. Ne pouvant plus tenir, je me jette dans ses bras et éclate en sanglots. Encore une fois j'ai fait ce qu'il ne fallait pas, comme toujours. Je blesse le peu de personnes de mon entourage sans arrêt. Gaël ne mérite pas ça, au contraire je lui souhaite tout le bonheur du monde.

-Tout ce que... je veux... c'est que tu sois... heureux parce que... je t'aime.

Je n'ai jamais rien dit d'aussi vrai de ma vie. J'aime cet homme à la folie et pourtant je n'arrive pas à me prendre de la bonne façon pour lui procurer ce bonheur qu'il mérite. Je n'ai aucune idée de comment aimer. Je n'ai aucune idée de comment vivre. Tout à l'heure je pensais à survivre malgré tout en défi face au monde entier, mais maintenant je pense plus à quitter ce monde si je ne peux pas aimer Gaël car je ne lui apporte que malchance. Mes pleurs se calment peu à peu.

-Je déteste danser, je déteste cette vie que je mène depuis trois semaines. J'arrive pas à me regarder dans le miroir sans être dégoûtée. Tu commences à travailler alors je ne voulais pas être un fardeau pour toi... La seule fois où j'étais vraiment heureuse c'était avec toi, peu importe ce qu'on faisait on était heureux... Mais je n'arrête pas de tout gâcher.

Je me serre le plus possible contre lui.

-Ne pense plus jamais que je ne t'aime pas... C'est juste que je ne savais pas quoi faire. J'ai jamais vécu ça avant alors j'ai pensé que c'était peut-être la solution, que je m'éloigne un temps...

ღ L'amour ou la vie? ღ

Je sens ses bras m'entourer et j'ai la sensation que jamais je ne pourrais être mieux ailleurs que contre son corps, à sentir ses bras protecteur autour de moi et à écouter son coeur battre au rythme de notre amour. Ses lèvres se posent contre ma tête et je ferme les yeux, j'ai l'impression d'être rentrée chez moi. Mon vrai chez moi. Selon ses dires la seule façon que je puisse le blesser est de m'éloigner comme j'ai tenté de le faire. Je ne sais que répondre et me tait alors. Quand il affirmer m'aimer au point d'en être fou les larmes redoublent sur mes joues. J'ai la gorge tellement nouée que je n'arrive pas à répondre. Ses mains chaudes et apaisantes se posent sur mes joues glacées et humides pour les essuyer. Sans quitter mes yeux du regard il m'explique pourquoi il m'aime, et ce que j'ai changé dans sa vie. Encore une fois les mots n'arrivent pas à sortir de ma gorge, je suis trop confuse et heureuse pour ça.

Son front se pose contre le mien et je peux alors sentir son souffle sur mon visage. Mes mains se posent sur les siennes qui sont toujours sur mes joues et je noue mes doigts aux siens. Je sais alors que tout ce dont j'ai besoin c'est de lui, de son amour, c'est seulement avec ça que je peux survivre. Il me fait alors une requête, celle d'arrêter de travailler au bar si je ne m'y plais pas, je soupire intérieurement. C'est vrai que je veux arrêter mais je ne peux pas! Il me propose même d'étudier pour pouvoir faire le métier que je désire. Avant que je puisse répliquer il continue sur sa lancée en disant qu'il est prêt à payer pour tous mes besoins, que tout ce qu'il veut c'est que nous vivions ensemble dans cette maison et que nous ayons des enfants un jour. Le fait d'avoir un bébé est un sujet sensible pour le moment mais je sais que cette conversation est pour une autre fois, pour le moment c'est de notre couple dont il est question. Cette fois ma voix semble prête à répondre mais avant que je le puisse je sens ses lèvres se poser sur les miennes et m'embrasser avec un amour que je croyais perdu. Je le lui rend avec tout mon amour et mes espoirs d'un avenir à ses cotés.

Gael :"Si tu m'aimes, tu ne partirais pas. Je veux que tu reste avec moi Kassy. Tu es ma moitié d'humain, tu es mon doux vampire à moitié."

Je le laisse ouvrir son manteau que je porte, croyant qu'il veut le reprendre. Pourtant je ne fais que le voir le détacher et se glisser à l'intérieur avec moi. Je me sers alors contre son torse chaud. Il termine avec un:

Gael :" Tu me manques Kassy."

Je cache mon visage contre lui et prend une grande inspiration avant de trouver le courage de lui parler.

Kassy :" Gael je sais que tu veux ce qu'il y a de mieux pour moi mais je ne veux pas que tu finisses faucher par ma faute, les études ça coûte cher et en plus il faudrait que tu travailles pour deux, sans compter la maison qu'il faudra acheter... Je ne veux pas que tu sois obligé de tout payer seul, je veux contribuer aussi et c'est là le problème. Moi aussi je veux un véritable avenir mais c'est vraiment compliqué... Tu me manques tout autant toi aussi et ça m'a déchiré le coeur de partir... Je t'aime plus que tout je te le jure, tout ce que je voulais c'était amasser un peu d'argent..."

Malgré le manteau et la présence de mon petit-copain je suis glacée. Je le regarde alors.

Kassy :" Et si nous allions parler de ça à l'appartement avant que nous tombions tous les deux malades?"